Absence

CHIUSO PER LONTANO

3h tapantes... Le sacré coeur était éteint, sinon comme un phare, pour que rien ne vienne à le heurter malencontreu-sement. Vous vous rendez compte si je vous lasse, si je vous ennuie et si c'est déjà arrivé que je vous lasse et vous ennuie... que faire ? que dire?
Avez-vous vu le film allemand qui s'appelle "Libre arbitre"?
Ainsi, j'ai bien trouvé de donner des nouvelles à mon oncle Youri. Madame de Sévigné écrivait à sa fille. Je n'ai même pas lu une lettre d'elle. Je ne me fais pas aux correspondances. J'ai lu celle de Kafka à Milena et je n'ai rien compris. Et comme je l'ai dit la correspondance publiée en France entre Tchekhov et sa femme. Rien d'enthousiasmant. En écrivant à sa fille, on est plus sure de trouver une oreille attentive, un regard indulgent. Je vais vous raconter Noé, c'est parait-il - non je le crois - ce que j'ai fait de plus abouti d'une certaine manière. Sachant que la première partie je l'ai écrite croyant me marier pour la vie et avoir des enfants... Un conte de fée... C'est la carabosse des folies qui vint.

NOE

1. L'ARCHE

L'Eternel!
A la limite de cet océan là.
Seigneur j'ai si peur et qu'as Tu fais à ne me laisser que l'eau pour vivre, et l'absence, à jamais du monde. Qui suis-je pour mériter cela, sinon celui qui a voulu entendre Ta parole et construire cet armure de bois en Ton Nom.

Seigneur, parle et je t'obéirai.
Je veux entendre enore le fruit de ces jours que Tu me donnes.
Nulle tempête plus blanche. Ici, nous n'avons pas de capitaine et mes fils, leurs femmes sont encore dans le giron des mères, pourtant la peau déjà salée. Est-ce les larmes? Est-ce la mer?
La terre me manque. Le ciel est toujours noir[...]

Cher Oncle Youri, vous me manquez encore, noch einmal, again
Je suis épuisée. Bonne nuit. Bonjour.   Samuelle

J'avais oublié que j'y avais déjà mis des choses, complètement zappé.

[J'ai effacé, sans le faire exprès, un grand bout de texte et est fort l'informaticien qui prendra le temps de me rechercher ce grand bout, qui commençait par "j'écris", et la grande joie que je prenais à le faire, quoi qu'il arrive. J'étais aussi folle de Françoise Dolto morte que de vous vivant, à la même époque. Elle est morte en aôut quand je faisais ma maîtrise. J'ai accusé le coup et ai continué de travailler à Tchekhov. Imperturbable. C'est peut-être pour me garder en vie que je vous écris? ]

Je vous écris. Et voyez comment ça (se) met en forme, sans que j'y puisse rien. Cela me procure une émotion à nulle autre pareille. Rien de semblable dans aucune des choses que je fais. Je lis certains textes à mes amis et j'éprouve une grande joie, de la fierté aussi quand c'est juste. Ca c'est sans doute ce que je préfère.
Je pense à Myriam, et je me dis que pour se faire des ronds, j'avais envie de me lire et elle de jouer de la contrebasse. On entend mieux ce que j'écris, quand je le lis. Vous, vous avez un don, à force d'en entendre... peut-être.
Je pense à Antoine Vitez et il manque quand même. Quelque chose d'aigu sur scène, jamais assis. C'est une période où les gens importants sont le plus nécessaire. Et vous voyez j'ai un blog vide, mais prêt, qui s'appelle l'absence. Peut-être vais-je pouvoir le commencer ou en est-ce le commencement. Car elle prend toute la place. L'absence de soutien en cette sarko période. C'est trouble, n'en rajoutons pas. Inutile.

J'ai changé de blog et entamé l'absence (il y a le troisième : Transhumances que je fais quand j'en ai envie , j'ai le temps. Je me demandais ce qu'il allait être ce blog qui est une troisième rupture d'avec Les Tragiques. Elle est cruelle leur absence, je ne sais pas pour vous. Mais moi... C'est pourquoi la bascule est aussi facile et qu'alors je suis déterminée. Quand je me suicide, c'est un chemin tout droit. Et vous ne vous rendez pas compte à quel point vous êtes un danger de mort pour moi. Ca vous est égal, c'est mon problème? Sans doute. A moi aussi finalement. Mais quand même j'aimerai me connaître un petit succès de mon vivant.

L'absence c'est bien aussi ce qui caractérise notre rapport.

Les SMS du Président de la République Française. Un ridicule watergate. C'est impensable ce choix que les gens ont fait - je ne sais pas pour qui vous avez voté - mais c'est de l'inconscience pure.

Ce sont mes premiers mots. En berne, comme un drapeau et basta.
J'espère que vous ne vous moquez pas de moi. Ca se serait vraiment très triste, car j'éprouve de réels sentiments pour vous, creusant les mots , la niche à mots pour y trouver ceux qui conviennent le mieux.
Alors que j'ai l'impression que pour vous, je fais un exercice de style, pour vous. Ce n'est pas complètement faux et c'est peut-être cela qui me maintient en veille et en vie. Parce que les absents, c'est difficile à gérer quand le monde est aussi nul.

Vous n'êtes pas là non plus. Bonsoir   Samuelle

le sang goutte à goutte. Je me suis vue le faire. Je ne crois pas que je me mutilerais encore. Je ne sais pas, pour le symbolique d'un tel réel!

"Tous les cris, les SOS..." Balavoine